Livres d'Artistes
Du 18 juin au 31 juillet 2021
WITHoutARTgalerie, Neuwiller-lès-Saverne, 4 Cours du Chapitre
La Porte rouge, 21 Rue Brûlée Strasbourg
Camille Corot, Théodore Rousseau, Jules Coignet, Henri-Edmond Cross, George Sand, Luc-Olivier Merson, Gustave Guillaumet, Léon Cogniet, Anna-Eva Bergman, André Kneib, Claire Illouz, Lumi Mizutani, Nathalie Savey, Marie-Amélie Germain, Danièle Schiffmann, Philippe Colignon, Stéphane Spach, Martin Salazar, Patrick Neu, Dominique Kippelen
WITHoutARTgalerie consacre une nouvelle exposition à l'arbre et au renouveau dans la nature. Cette exposition réunit des œuvres d'artistes proches de l'École de Barbizon, datant du milieu du XIXe siècle au début du XXe siècle, et des œuvres d'artistes contemporains.
" Or si l’arbre a pu devenir un motif pictural en soi, c’est d’abord parce que les artistes ont progressivement distingué le paysage des simples décors ou fonds sur lequel se détachait un épisode biblique ou mythologique dans la peinture académique. Devenu un genre en soi, notamment avec les peintres de l’École de Barbizon qui peignent en forêt de Fontainebleau, le motif des arbres ou de la forêt ne pouvait donc que se développer. Rappelons qu’à ce propos, Théophile Gautier écrivait en 1850 : « Il y a certainement au Salon vingt paysagistes qui dessinent et peignent mieux que Monsieur Rousseau, mais aucun ne rend la sève qui coule dans les troncs, l’herbe, la mousse, comme il le fait. Nous l’admettons volontiers, son exécution est parfois peu soignée, parfois violente, négligée comme une esquisse [...] mais cette suprême qualité de la vie végétale consume tout. »
Extrait du Catalogue ARBRES


















Le samedi 18 septembre s’est tenu, à Neuwiller-lès-Saverne, une conférence de Claire Illouz. En ce bel après-midi, le public eu le plaisir d’assister à la conférence de l’artiste, invitée par la WITHoutARTgalerie.
La pratique de Claire Illouz est singulière et son parcours révèle une grande curiosité envers le langage et les cultures d’Asie (Chine et Japon). Elle a édité, à ce jour, plus de trente livres d'artiste, à partir de textes poétiques, d’une grande variété d’auteurs, tels Pascal Riou, Joris-Karl Huysmans, Emily Dickinson, W.B. Yeats, Robert Van Gulik, ou encore Léonard de Vinci… Ce travail du livre accompagne sa pratique, en tant que peintre et graveur.
Claire Illouz est une artiste reconnue pour la qualité de ses livres d’artistes, sur la scène française et internationale de la bibliophilie — une scène ayant son milieu, ses initiés, ses rendez-vous. Elle participe régulièrement au salon Page à Paris et en 2013, l’Académie des Beaux-Arts lui a décerné le Grand Prix de Bibliophilie Jean Lurçat.
Si elle se consacre aujourd’hui essentiellement à la peinture de grands formats, la fabrication de livres reste pour elle une partie importante de son travail. Ses derniers ouvrages en témoignent : Grand Beau (2019) mise-en-lumière d'un poème inédit d’Henri Droguet et Meschantes nuicts (2018) invocation de cinq poèmes insomniaques de Pierre de Ronsard.
Durant la conférence, l'artiste raconte comment, pour chacun de ses livres, une attention particulière est portée sur la cohérence entre le sens du texte et les choix des médiums employés : la typographie utilisée, le papier adopté, etc. Ses livres sont tirés en éditions limitées de 20 à 50 exemplaires. Elle s’interroge sur l’objet-livre, plus particulièrement en quoi les livres d’artistes s’intègrent dans son travail d’artiste contemporain.
Son univers visuel est empreint de l'esthétique du paysage, suggère des espaces en lisières des villes, les frontières poreuses entre la sphère urbaine et la campagne. Les images qu'elle dépeint, dévoilent les mauvaises herbes, les à-côtés, les talus, saisissent une atmosphère. Son regard porte aussi sur l’accumulation d’objets anciens, désuets, ayant leurs vies propres, chargés d’affects.
Quand elle fabrique un livre, les mots lui sont importants, c’est avec eux qu’elle vit et qu’elle nourrit une relation faite d’observations, de contemplation et d’interrogations. Elle affirme son admiration pour les poètes, « qui nous sont si précieux ». La création de chaque livre est, pour elle, une expérience nouvelle et inédite, un rendez-vous particulier avec un texte.
Elle « observe » les vers afin de leur donner corps, les faire exister physiquement. Les mots prennent formes dans l’espace des pages, ils respirent. Souvent, « ils nous surprennent, nous interpellent ».
Elle estime que c'est au moment où le texte vibre dans le déploiement du papier que sa recherche touche à sa fin.
Chaque livre appelle à une manipulation singulière, une lecture horizontale du texte et des images gravées qui l’accompagnent, le lecteur choisissant son rythme. Son parti pris à elle est de retenir la lecture. Les moyens plastiques qu'elle déploie, engagent à une diffraction du texte : par l'accumulation de détails dans la matière gravée, les jeux sur le sens entre les images poétiques et les images dessinées, par la mise-en-page étirée, etc. Le lecteur est ainsi amené peu à peu à une forme de contemplation, à « une perception totalement nouvelle d’un texte ».
La précision de ses choix nous incite à prendre en compte les détails qui les composent. Elle nous explique comment, pour chaque livre, elle réalise une recherche unique. Elle a, par exemple, pour la mise-en-œuvre des poèmes d’Emily Dickinson, évoquant le bruit du vent, travaillé avec un ingénieur acousticien. C'est là que « l’œuvre est devenue autonome ».
Grâce à la liberté de Claire Illouz, nous entrons dans une temporalité singulière, une esthétique de la durée. Le flux du langage, du sens, mais aussi flux des signes graphiques et typographiques sur la page, s'entremêlent et se confondent, nous plongeant, à l'intérieur du texte, comme dans un état de flottement.