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CHEN Danqing

Chen Danqing est un peintre et critique littéraire sino-américain qui a vécu aux États-Unis de 1982 à 2000. Son parcours artistique est étroitement lié aux vicissitudes politiques, historiques et esthétiques de son pays ainsi qu’aux exils intérieurs et extérieurs qu’il a subis. C’est en autodidacte et dès le secondaire qu’il s’initie à la peinture à l’huile avant que la Révolution culturelle ne l’exile à la campagne (provinces du Jiangxi et du Jiangsu). Il n’a alors que 16 ans. Sa Lettre au Président Mao de style académique et consensuel est peinte, dit-il, « comme les peintres de la Renaissance peignaient Jésus », parce que le seul sujet omniprésent de l’époque était évidemment celui du Grand Timonier. 

 

En 1976, il s’installe au Tibet où il peint des portraits d’autochtones dans un style réaliste-socialiste (d’inspiration soviétique) mais atténué par le réalisme occidental du XIXe siècle. Deux tableaux de cette série reçoivent en Chine le Prix du Concours national d’art et lui procurent une certaine notoriété. 

 

Diplômé de l’École centrale des beaux-arts de Chine en 1978, il s’exile ensuite aux États-Unis où il a enfin accès aux tableaux des grands maîtres de la peinture occidentale qu’il n’a pu fréquenter jusque-là, qu’à travers des ouvrages d’histoire de l’art. Comme l’attestent notamment des œuvres récentes, il y récapitule l’histoire de la peinture, de la Renaissance à Picasso en passant par Courbet ou Millet qu’il affectionne tout particulièrement. 

 

Cependant, il reproduit ces peintures comme si elles étaient précisément des images publiées dans un livre ou un album. Désormais, il met en page (et juxtapose parfois) des chefs-d’œuvre de la tradition picturale occidentale, tout comme il peint des œuvres historiques de la peinture et de la calligraphie chinoises.

 

Tel est donc l’enjeu du travail de Chen Danqing : primo, la peinture d’une peinture (ou la peinture au second degré) est à la fois image peinte et peinture iconographiée, c’est-à-dire de la peinture au sens littéral comme au sens figuré ; secundo, la peinture d’une page tirée d’un album d’histoire de la calligraphie par exemple, est d’autant plus paradoxale qu’en la recopiant à l’huile, l’artiste peint une écriture autant qu’il écrit une peinture : réalisée à l’encre de Chine, la calligraphie réputée spontanée, agile et rapide, est ici dépeinte avec l’assiduité, la patience et la lenteur que requiert la technique traditionnelle de la peinture à l’huile ; d’où tertio, des œuvres pictographiques où écriture et peinture, image et copie mais aussi, traditions occidentale et chinoise, s’impliquent réciproquement tout en étant délibérément maintenues par l’artiste à distance respective les unes des autres. Son cosmopolitisme aidant, Chen Danqing se veut un éternel apprenti qui a renoncé à une identité artistique bien définie ou établie ; aussi continue-t-il notamment d’explorer, et le nu et le portrait néoclassiques. Il cultive ce faisant une approche anachronique de la longue histoire de l’art chinois en télescopant en une seule et même œuvre, des styles, des peintures ou des pictographies plus ou moins éloignées les unes des autres, et dans le temps et dans l’espace.

 

En 2000, Chen Danqing  accepte d’enseigner à l’université Qinghua (Pékin) dont il démissionne en 2004, faute de temps pour peindre. Il a notamment exposé au Musée d’art de Graz (Autriche), au Museum of Modern Art et à l’Asia Society de New-York, au Musée de Groningue (Pays-Bas), au Sun Yat-sen Memorial Hall à Taiwan ; en Chine populaire, il a exposé entre autres ses Sketch Paintings à Pékin, Canton, Wuhan, Shenyang, Nankin, Shanghai (2000). Le Museum of Fine Arts de Boston vient précisément d’acquérir l’une de ses œuvres pictographiques.

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